Les préjugés ont la vie dure.
Aquariophile depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours tenté d’appliquer certaines règles de maintenance en ce qui concerne l’aquariophilie:
- 1 : Se faire plaisir ! Si le fait de devoir faire des changements d’eau, nettoyer les vitres ou nourrir les poissons selon leurs besoins, laissez tomber…
- 2 : RESPECTER le vivant !! Vos poissons n’ont pas demandés à venir dans votre aquarium, et si vous partez avec la volonté d’acquérir en magasin spécialisé « des poissons costaud et qui ont de la couleur » ; c’est que votre approche n’est pas encore fiable.
- 3 : la finalité d’une maintenance est la reproduction. Les aquariophiles ont certes moins d’impacts sur les populations que la pêche à des fin alimentaire, cependant, certaines espèces sont suffisamment vulnérable pour que, par simple caprice esthétique, l’homme ne se permette de faire disparaître les populations sauvages alors qu’elles sont aisées (ou pas) à reproduire.
Ces règles sont importantes à respecter, et à partir du moment où on prends ces 3 règles en compte, l’aquarium passe de loisir à passion.
Après avoir fait leurs armes avec de l’eau douce, beaucoup d’aquariophiles passent aux aquariums marins …Préjugé !! , certes l’expérience apporte l’œil et la rigueur. Mais les techniques sont différentes, tous comme le sont les besoins en équipement.
Après avoir pris le temps de se renseigner , lire , écouter, assimiler et comprendre , les aquariums d’eau de mer sont accessibles sans forcement passer par l’étape eau douce bien qu’elle offre de plus larges possibilités de reproduction possible .
Et c’est ce qui nous intéresse, la reproduction de poissons marins et plus particulièrement ici, la reproduction des pterosynchiropus splendidus , connus des aquariophiles sous le nom de « poisson mandarin » ou encore « dragonnet » .
Le poisson mandarin – Une star capricieuse
Le mandarin est sans conteste un des poissons les plus apprécié des aquariophile.
De par son comportement calme et tranquille, et bien entendu pour ses couleurs exubérantes qui lui valent le surnom anglais de « psychedelic fish »
il appartient à la famille des Callionymidae , tout comme les très connu également pterosynchiropus picturatus « LSD fish » mais la famille compte également plus d’une 50aine de membres , certains vivant sur le littoral français .
Malheureusement , sa notoriété en fait un poissons surpêche et les faveurs des aquariophiles se portant bien souvent sur les mâles , le sex-ratio dans la nature est dans certains lieu de pêche de plus en plus déséquilibré.
C’est un poisson carnivore, donc prédateur, qui a pour particularité d’avoir non seulement une petite taille, mais également une toute petite bouche …et c’est là la cause de nombres de problèmes et catastrophes pour les aquariophiles car la nécessité d’offrir une alimentation adaptée à sa morphologie et son comportement est la clé d’une maintenance réussie .
Depuis la disparition des piscicultures de Lautan , on ne trouve plus en France de mandarins d’élevages habitués aux nourritures sèches , et donc , tous les spécimens présent en magasin sont des poissons sauvages , donc très rarement habitués à manger autre chose que de la microfaune .
Les copépodes, ostracodes et autres micro-crustacés qui se développent dans nos bac seront bien souvent leurs premiers vrai repas depuis leur capture. Il faut savoir que les mandarins possèdent également une seconde paire de mâchoires placées dans le pharynx qui leur permet de broyer certaines proies plus dure telle que les escargots ou petits crabes .
Un bac bien fournis en zooplancton est donc nécessaire à une bonne acclimatation .
La présence dans le système de maintenance d’un refuge est un gros avantage car il contribue aux apports de microfaune.
Bien souvent, la transition vers des aliments inerte tels que artémias ou mysis congelé est tout a fait possible à une condition simple : c’est qu’il y ai accès facilement , cela veux dire attention à la concurrence !! ..dans un second temps , le passage vers des aliments en granulés se fera doucement .
Il va de soit qu’un bac dédié est certainement le plus adapté à la maintenance du poisson mandarin, et se révèle indispensable en ce qui concerne la reproduction.
La reproduction du poisson mandarin
Acte 1 : la formation d’un couple
En ce qui concerne la formation d’un couple, les splendidus sont des plus facile à sexer avec certitudes . Le dimorphisme est relativement évidant, le plus difficile étant de mettre la main sur une femelle, les importateurs privilégiant les mâles pour le commerce.
Les mâles arborent une première épine dorsale nettement plus longue en forme de lance, les femelles , elles , se contentent d’une dorsale bien ronde .


Bien souvent , le simple fait de mettre les partenaires en présence suffit à la formation d’un couple, cependant il arrive parfois que deux individus de sexe opposés ne se tolèrent pas , cela est souvent du à une trop forte concurrence alimentaire, le plus virulents des deux défendant pour lui seul un garde-manger déjà insuffisant .Car comme souvent dans le commerce de poissons marin , les individus sont souvent amaigris et les instincts de survie alimentaire prennent le pas sur les envies de reproduction .
Hors pour que les conditions idéales de la reproduction soient réunies, des géniteurs en pleine forme sont indispensable à une reproduction réussi , en effet , la qualité de la ponte et des œufs émis par les femelles dépend de leur état physique et physiologique car les efforts et contraintes demander par le soigneur pour l’élevage des larves sont si important , qu’il serait dommage d ‘avoir tant de déceptions faute de simples problèmes d’alimentation des géniteurs .
Les poissons sont mature sexuellement à partir de un an, mais c’est cependant lorsqu’ils ont atteint les deux ou trois ans qu’ils offrent le plus de potentiel pour la reproduction .
Lorsqu’un couple formé est sexuellement mature, ils offrent à l’aquariophile attentif , un des plus beau spectacle qui soit : la parade et l’acte de ponte .
La reproduction du poisson mandarin
Acte 2 : la parade et la ponte.
C’est donc un fabuleux moment …
La parade a lieu le soir venu lorsque la nuit tombe, le couple laisse de coté la recherche d’aliments et durant parfois plus d’une heure, se baladent cotes à cotes.
Le mâle déploie toutes ses nageoires, offrant une danse saccadée à la femelle. Ils se tournent autour, et se cherchent. puis commencent à se balader en pleine eau, quittant leur sol rassurant et protecteur, puis ils se placent flancs contre flancs et remontent collés l’un a l’autre vers la surface, se séparent et retourne au sol. Ces simulacres de pontes sont les prémisses à l’acte de ponte en lui même, où le cheminement vers la surface abouti à une expulsion des œufs de la femelle que le mâle féconde au même instant .
C’est très rapide, et 95% du temps, la ponte donne fin aux parades et la femelle va se cacher pour se remettre de ses émotion avant une nuit réparatrice.
Je peux vous assurer que c’est un spectacle dont on ne se lasse pas.
Technique simple pour les faire pondre :
Il faut avoir un cycle d’éclairage constant, donc un programmateur gère une photopériode stable.
Une base de 14H on /10 H off donne de bons résultats.
Mais le plus important est un cycle lunaire, avec un brassage nul.
Il faut anticiper pour pouvoir récupérer les pontes facilement, de les habituer à ces conditions. Le brassage sera coupé 15minutes avant l’extinction des éclairages et au même moment sera placé une source lumineuse faible de façon à recréer une ambiance de calme au clair de lune. Il existe des rampes leds de faibles puissances prévues à cet effet, le plus souvent utilisées pour faire ressortir la fluorescence des coraux de nuit. Le reste de la pièce devra idéalement être plongé dans le noir, afin de ne pas perturber les géniteurs qui ne tarderont pas à commencer leurs parades.
A la fin de la ponte, les œufs flottant, d’à peine 1millimetre se retrouvent en surface et sont près a être « récoltés »…et c’est là que les problèmes commencent.
La reproduction du poisson mandarin
Acte 3 : Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient soie
Autant la maintenance et la ponte sont relativement simples si l’alimentation est bien suivie, autant la reproduction aboutie du poisson mandarin est quelque chose de réellement difficile.
Il va falloir s’armer de patience, et s’équiper en conséquence car tout comme pour les adultes, l’alimentation des larves est le problème principal.
De par leur petite taille, les larves demandent de petites proies, et les brachionus plicatilis utilisés pour la reproduction de poissons tels que les amphiprions ne seront adaptés qu’au bout de quelques semaines.
Il faut donc trouver plus petit, le choix est vaste, entre les nauplius de copépodes, les larves de nudibranches, ou de bivalves .le tout est de ne pas dépasser les 70µ. la nécessité de différentes cultures de zooplancton ou de géniteurs des futures larves qui viendrons nourriture pour les nouveaux nées mandarin demande bien entendu des circuits d’eau , des aquariums , et des bacs de production car la consommation est importante , et les résultats de prélèvement des proies est relativement faible et de crashs fréquent et là effectivement, c’est ce qui rend la reproduction des poissons mandarins bien compliquée .
Sans vouloir vous casser le moral, voici un descriptif d’installation de base. (Une 20aine de bacs de 5 à 50 Litres et de nombreuses bouteilles de 1,5 L)
3 bacs pour la culture de copépodes /souche, soit 9bacs en ce qui me concerne .
4 ou 5 bacs pour la culture des rotifères
3 bacs pour la culture de moina salina.
1 bac pour les nudibranches et1 bac pour faire éclore les œufs
1 bac pour les reproductions de bivalves (moules, ou huîtres facile à faire pondre) + bouteilles pour l’incubation des 24 premières heures.
Une structure complète pour la culture du phytoplancton. (Entre 8 et 20 bouteilles d’eau branchées sur circuit pneumatique + éclairage 24/24) 3 souches différentes qui servent soit à maintenir, soit à enrichir les différents zooplanctons.
A cela on ajoute les récipients pour l’éclosion des artémias et des filtres de tri de différentes mailles allant de 20/50/80/150 à 250 microns. (Trouvé sur le web)
Bien entendu, à moins de vivre seul, il faut également avoir du temps libre et surtout être muni d’un CAF très élevé ! (CAF = Coefficient d’Acceptation Familial).
Les alevins tournent au régime minuscule les 15premiers jours, puis lors de la métamorphose qui a lieu au bout de 3 semaines, ils quittent la pleine eau pour se diriger de plus en plus vers le sol et passent à des aliments de taille raisonnable : les nauplies d’artémia.
J’utilise des œufs d’artémias INVE, ils sont de plus petite taille que ceux que l’on trouve dans le commerce, et les nauplies qui en sont issue sont également 25/30% plus petites ..
Attention : leur valeur nutritive ne dépasse pas les 12 heures, sauf si ils sont enrichies, il faut donc avoir plusieurs éclosoirs à tourner en même temps. !
Petit astuce : la température ainsi que l’éclairage accélère la vitesse d’éclosion et ont un impacte sur la taille des nauplies : plus ca va vite, plus les nauplies sont petites ! Donc un éclairage t8 posé a même les éclosoirs donne lumière et hausse de température (30°)
Idéalement, les alevins continuent à manger les autres zooplanctons qui seront bénéfique de leur donner jusqu’à ce qu’ils acceptent une alimentation sèche de qualité. Ils commencent à manger des granulés vers l’âge de 70/80jours ..et il ne faut pas hésiter à provoquer l’envie par de courte diètes.

et à 36 heures, la morphologie change rapidement également .




le plus dur est passé, maintenant tout est histoire de rigueur, d’environnement stable, d’une alimentation suivie de qualité et de patience


Rien n’est plus satisfaisant qu’un jeune mandarin né chez soit !
Mais la tâche est dure et demandera du temps et de l’obstination. Pour se faire la main sur les reproductions de poissons marins, l’idéal est de commencer par celle de poissons clowns.
Cela permettra de se faire une expérience sur la maintenance des différents planctons, et croyez moi, si j’avais su le nombre de déceptions avant d’arriver à sortir mon premier splendidus, j’aurai également commencé par les amphiprions qui se sont révélés plus fun, plus « productifs »et plus motivant à travailler.
Vous pouvez également commencer en douceur par les pterapogon kauderni, qui bien que les plus facile a faire reproduire ,sont classé comme une des espèces les plus en danger dans la nature a cause de la pression de la demande des aquariophiles et d’une maladie virale décimant les spécimens dans le triangle de corail
Article de Derwins, autres articles :http://lerecifdubelon.com/comment-cultiver-du-plancton/
Adapté par Fredeau
Bonsoir,
Après lecture de votre article sur les splendidus, j’ai quelques questions à vous poser.
Quelles espèces utilisez-vous pour la reproduction des nudibranches, et avez-vous un lien expliquant cette reproduction (T°, brassage, nourriture, ..) et de même mais en moindre mesure, pour les moules (bien plus facile de trouver des éléments là dessus, j’ai a peut pret tout mis a part le brassage).
A quel fréquences nourrissiez-vous les larves de splendidus pendant les 15 premiers jours ?
Un grand merci pour votre réponse, je me lance également dans la repro de Splendidus en espérant réussir comme vous dans ce superbe projet!
Bonne soirée
Pour ce qui est des nudibranches c’est les lièvres qui sont les plus facile ( dollabela ) .
Pour les moules , c’est un choc thermique , pièce froide 12/14 ° puis monter a 22/24 ° … Mais c’est en fct des saisons .
Le plus efficace ça reste les copépodes .
Les 15 premiers jours c’est un nourrissage en mesocosme , donc un maillage pour séparer les pods adultes qui vont pondre et fournir les nauplies de copépodes sans attaquer les larves de mandarins .
Derwins Keneda
16:01
Derwins Keneda
Tu n’a qu’à lui dire que j’ai écrit un article dans le dernier zebrasomag , lol tout est dedans .
Je te souhaite le meilleur pour 2017 .
À bientôt